28 juillet 2020
marquage au sol d'une piste temporaire
Arnaud Bouissou - TERRA
Le Cerema, membre actif de l’association PIARC (Association Mondiale de la Route), est intervenu le 7 juillet 2020 au Webinaire PIARC et COVID-19 afin de partager avec les experts et professionnels internationaux du transport le retour d'expérience français au sujet de l'impact de la crise sanitaire sur la mobilité et le domaine des travaux routiers.

logo du PIARCDepuis son apparition fin 2019, la pandémie du coronavirus provoque d'importantes perturbations dans la vie des individus, des organisations et dans la prestation de services dans le monde entier.

 

Le secteur de la route fortement impacté par la crise sanitaire

Comme les organismes publics de multiples secteurs, les membres de PIARC (Permanent International Association of Road Congresses, l'Association mondiale de la route) sont également touchés (sécurité des employés, maintien de l'activité, transports, relations commerciales et avec les partenaires...) et prennent diverses mesures pour y faire face. 

PIARC organise chaque semaine des discussions en ligne en anglais, espagnol ou français sur la réponse à la crise COVID-19. Elles sont ouvertes aux experts nommés par leur premier délégué national de PIARC et aux membres des comités techniques/groupes de travail de PIARC.

L'objectif de ces sessions est de partager les connaissances et les pratiques actuelles entre les membres du PIARC de manière urgente

Deux notes "COVID-19 : des enseignements clés pour la communauté routière" ont été publiées notamment en français, à la suite des premiers webinaires des 21 avril et 18 mai.

page d'accueil du webinaire avec une carte du mondePar ces échanges, PIARC souhaite proposer et mettre en œuvre des actions à court terme pour :

  • soutenir les membres du PIARC et les professionnels du transport ;

  • suivre l'évolution de COVID-19 dans le temps, et donner des conseils sur les mesures à prendre par PIARC et d'autres organismes pendant la crise et la reprise. 

  • donner des conseils sur les implications à moyen et long terme de la COVID-19 sur le secteur des routes et des transports, et sur la manière de les aborder et de les étudier.

A travers leur participation à certains comités techniques PIARC, les experts du Cerema contribueront à ces travaux, dans la perspective d'assurer l'adaptation et la résilience des réseaux de transports et des déplacements, avec une nouvelle manière de vivre et de se déplacer. 

Sont intervenus à ce webinaire du 7 juillet 2020,

  • Claude Van Rooten, Président de PIARC
  • Patrick Malléjacq, Secrétaire général de PIARC
  • Anne-Marie Leclerc, Canada Québec - Sous-ministre adjointe à l'ingénierie et aux infrastructure, Ministère des Transports du Québec, Première déléguée du Canada-Québec, Présidente d’honneur de PIARC
  • Emmanuelle Frénéat, France - Directrice générale déléguée, Egis Road Operation
  • Mohamed Laye, Sénégal - Chef de Division des Grands Travaux Routiers, AGEROUTE
  • Sandrine Rousic et Pascal Rossigny, France – Cerema, Secrétaires des Comités TC 2.1 - Mobilité en milieu urbain et TC 3.3 - Gestion du patrimoine routier.

 

Etat des lieux en France et perspectives par le Cerema

Deux spécialistes du Cerema sont intervenus:

 

L’impact de la pandémie COVID-19 sur l’activité en France

infographie mesures sanitaires BTPPascal Rossigny, responsable du secteur d'activité "Gestion de patrimoine" au Cerema Infrastructures de transport et matériaux, a présenté l'impact de la pandémie Covid-19 sur l'activité des travaux publics dont plus de 80% des chantiers ont été mis à l'arrêt pendant la période de confinement, et notamment de l'entretien routier en France, ainsi que les mesures sanitaires prises pour pouvoir relancer cette activité.

Le "Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction en période d'épidémie de coronavirus Covid-19" a été publié par l'OPPBTP (Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics) début avril, soit seulement deux semaines après le début du confinement. Il contient des fiches conseil pour informer les collaborateurs et a été régulièrement mis à jour en fonction de l'évolution du déconfinement. Les préconisations doivent être respectées depuis le confinement, au risque d'un arrêt du chantier, et sont toujours en vigueur.

Une fiche "Canicule" vient opportunément d'être ajoutée en ce début d'été pour pouvoir travailler sous forte chaleur en restant protégé de la Covid-19 sur les chantiers.

Chaque entreprise, chaque intervenant sur les chantiers (notamment le Cerema, sollicité pour y apporter son expertise technique) a décliné les mesures de ce guide dans ses propres procédures d'intervention.

L'activité des chantiers a repris, mais les professionnels en France redoutent un recul du chiffre d'affaires dans le domaine des travaux routiers d'environ 18% sur l'année 2020.

Des présentations ont été faites également sur :

  • Les dispositions prises pour maintenir les approvisionnements de la population et des chantiers, notamment en assurant aux chauffeurs de poids-lourds les services essentiels.
  • Les mesures pour aider les entreprises à traverser cette crise, y résister et repartir après ce choc économique particulièrement violent.

     

La mobilité autrement, suite à la COVID-19 (modes actifs et impact sur le trafic)

Installation de plots en bordure de piste cyclable
Pose de balises sur une piste cyclable temporaire. Arnaud Bouissou - TERRA

Sandrine Rousic, cheffe de projet en conception multimodale au Cerema Méditerranée, a présenté les politiques publiques pour accompagner le changement des mobilités en France, les conséquences et les opportunités qu’offre la pandémie sur les déplacements tous modes.

Après avoir lancé le 1er plan gouvernemental en faveur des vélos et mobilités actives en 2018 et renforcé avec la Loi d’Orientation des Mobilités (2019), l’Etat français a l’objectif de multiplier par trois l’usage du vélo, pour atteindre 9 % des déplacements en 2024. En France, les mesures de confinement ont entraîné une baisse exceptionnelle de tous les déplacements et une désertion de la voirie par les véhicules motorisés, laissant la place aux opportunités de rééquiligrage de l’espace public.

Le ministère de la transition écologique et solidaire a annoncé fin avril 2020 un plan doté de 20 millions d’euros pour faciliter la pratique du vélo à la sortie du confinement, afin d'éviter notamment un report massif des transports en commun sur la voiture.

Le Cerema a publié pendant la pandémie deux guides express sur les aménagements temporaires et réalisé une série de webinaires pour accompagner l’engouement des collectivités dans la mise en oeuvre d’aménagements en faveur des modes actifs.

Ces guides présentent les 7 leviers qui permettent de faciliter la circulation des cyclistes par l'aménagement de la voirie.

 

Le développement du vélo répond à de nombreux enjeux: santé (dans un contexte de crise sanitaire il permet aussi la distanciation physique), attractivité du commerce dans les grandes agglomérations, environnement... On observe ces dernières années une forte augmentation de l'utilisation du Vélo à Assistance Electrique (VAE) avec un report modal depuis la voiture. 

tableau des augmentations de cyclistesLes aménagements provisoires sont une occasion de tester des requalifications de voirie de manière rapide avec des dispositifs légers, réversibles ou évolutifs, et de changer les représentations mentales de l'usage des lieux.

S'ils ne sont pas destinés à s'inscrire dans la durée, ces aménagements temporaires en faveur des cyclistes et des piétons peuvent préfigurer de futures transformations de l'espace public.

En parallèle, le Cerema a déployé une plateforme en ligne pour suivre l’évolution du trafic routier français et mesurer l'impact des différentes mesures sanitaires sur la circulation.

Malgré un trafic routier revenu à la quasi normale, la volonté reste forte de développer la part modale vélo en milieu urbain comme en rase campagne. La pérennisation d’aménagements provisoires et le plan vélo en faveur des continuités cyclables hors agglomérations sont susceptibles de provoquer à plus long terme de grandes mutations.