20 mars 2024
Façade de la préfecture du Rhône
Arnaud Bouissou - TERRA
Dans le cadre du Challenge d’Economies d’Energie des Bâtiments de l’État, lancé fin 2023 et porté par le Cerema, le Commissariat général au Développement Durable (CGDD) et la Direction de l’Immobilier de l’État (DIE) et financé par le Fonds pour la Transformation de l’Action Publique (FTAP), le Cerema propose une méthodologie complète pour impliquer les occupants dans une démarche d’économies d’énergie.

Pour faire des économies d’énergie dans les bâtiments, le Cerema recommande et accompagne des démarches qui prennent en compte les usages et en impliquant les occupants. Se limiter à des actions techniques, des modifications, des travaux sur le bâtiment n’est pas suffisant : 

  • Il est essentiel de prendre en compte les besoins des occupants pour ne pas aller à l’encontre de leur activité professionnelle et de dégrader leur confort, au risque de faire face à un rejet de la démarche.
  • Les actions techniques ont leurs limites. Ces dernières peuvent être dépassées par la prise en compte des occupants : contribution au diagnostic, idées nouvelles, remontées d’information, action plus fine que celle prévue par les paramétrages automatiques…
  • Les bénéfices issus de l’intégration des occupants à la démarche dépassent les économies d’énergie : développement d’un sentiment de responsabilité vis-à-vis du bâtiment, convivialité accrue par l’engagement collectif, diffusion des nouvelles pratiques vers le domicile…

Rendre les occupants acteurs du changement est primordial : si l’information est incontournable, elle ne suffit pas à faire changer les pratiques. Plus un occupant est intégré dans une démarche, plus il y a de chances que ses pratiques soient modifiées dans la durée.

Comment mettre en place une telle démarche ? Voici quelques points de méthode, à adapter en fonction du contexte de chaque administration, ou équipement public. La méthodologie complète est à retrouver sur Expertises.Territoires et dans les modules 3 et 7 de la formation Mentor dédiée.

Organiser la démarche

En premier lieu, il est nécessaire de mettre en place le pilotage et l’organisation de la démarche, qui doit être adaptée à chaque structure : 

A chaque niveau, des temps d’échanges réguliers sont à mettre en place. 

Quelques astuces pour monter ces équipes :

S’appuyer sur les instances existantes

Assurer le portage par la hiérarchie 

Dégager du temps pour l’équipe projet et valoriser ce temps passé et les compétences mises en œuvre

Trouver les personnes les plus motivées, susceptibles d’être de bons relais, lors d’animations ou via l’application Energic

Varier la communication

Lancer la démarche 

Une fois l’organisation en place (au moins le comité de pilotage et l’équipe projet montés), il est important d’informer tous les occupants et de montrer :

  • l’engagement de la direction, les raisons de sa motivation, les moyens accordés et les objectifs fixés ;
  • la cohérence de la démarche en faisant le lien avec les actions préexistantes et la suite envisagée (travaux par exemple) ;
  • la bienveillance et l’attention aux occupants en prenant en compte leur confort et son amélioration.

Il y a donc une attention particulière à porter sur le ton et le format de la communication : ne pas imposer, sensibiliser et donner les clefs pour agir de façon écoresponsable. 

La communication à visée informative peut alors se faire via des mails, affiches, articles ou encore nudges (incitations environnementales). Elle est à renouveler régulièrement, avec des formats et objectifs différents (recueillir des idées, rendre compte, motiver…).


Au-delà de la communication descendante, le Cerema préconise l’organisation d’un évènement de lancement. Ce lancement peut donner lieu à un événement spécifique ou peut être associé à un temps d’échanges préexistant dans la structure. Il s’agit de susciter l’intérêt, d’interpeller et de donner envie d’agir, la réalisation d’économies d’énergie ne constituant pas le cœur des préoccupations quotidiennes des occupants d’un lieu de travail. C’est l’occasion de marquer les esprits, sortir du cadre habituel dans un esprit convivial. Ce moment doit permettre de rappeler le contexte de l’urgence climatique, de mettre en avant les agents techniques, d’impliquer les occupants et trouver des relais et de susciter l’adhésion à la démarche.

Ateliers animés par le Cerema
Ateliers animés par le Cerema à la Préfecture de Paris et à la Cour de Comptes

Quelques astuces : 

Bien communiquer en amont de l’évènement (mettre en avant les temps de partage ou à l’inverse créer du mystère avec une identité visuelle forte qui sera comprise ensuite)

Valoriser le portage par la hiérarchie en laissant un temps de parole à la direction lors de l’évènement par exemple

Laisser de la place à l’occupant avec des temps interactifs (sondage des bonnes idées, jeux de sensibilisation, l’équipe technique à l’écoute…)
 

Animer la démarche

Tout au long de l’année, des actions doivent être mises en place pour maintenir la dynamique. 

La première étape indispensable est la réalisation d'un diagnostic. Celui-ci doit porter sur :

  •  le volet technique (analyse du bâti, de l’état et des modes de fonctionnement des équipements, des programmations horaires…) 
  • le volet humain (enquête confort, connaissance des contraintes et besoins de chacun, écogestes possibles…). Une note de cadrage et un support de diagnostic sont mis à disposition par le Cerema, et présentent toutes les clefs pour mener à bien cette première étape. 

Les occupants sont invités à s'impliquer dans le diagnostic, de manière très simple : à l'occasion de l'évènement de lancement par exemple, pour récolter les dysfonctionnements techniques repérés par les occupants, ou les idées de chacun, leurs souhaits d’agir, etc.
Un temps dédié peut également être organisé avec l'équipe relais lors d’un « diagnostic en marchant » qui consiste en la visite du bâtiment avec les moyens généraux / gestionnaires, pour repérer dans chaque service / entité les dysfonctionnements. 
Ce diagnostic n’a pas vocation à être un audit, mais bien un outil de sensibilisation pour les occupants et un état des lieux avant l’élaboration d’un plan d’actions.

Pour clôturer cette phase de diagnostic, il est nécessaire de rendre compte aux occupants des résultats du diagnostic, afin de partager le niveau de connaissance des dysfonctionnements et des marges de manœuvre.

A partir de ce diagnostic, des actions seront définies, et pourront être hiérarchisées en fonction de leur facilité de mise en œuvre, leur acceptabilité, leur coût… Il faut prendre en compte la nécessité d’une marge d’adaptation dans les actions définies, pour s’adapter aux situations personnelles et/ou particulières des occupants : problème de santé, partie de bâtiment particulièrement inconfortable… 

Ce plan d’actions peut être structuré sous forme de fiches actions, en désignant à chaque fois un responsable de l’action, des indicateurs de suivi… Plus le plan d’actions sera détaillé en petites actions concrètes, plus il sera facile de mobiliser les agents à les mettre en place.

 

Diagnostic animé par le Cerema
Diagnostic animé par le Cerema - visite de la chaufferie de la Préfecture de Paris

Quelques astuces pour donner envie d'agir : 

Mener une démarche transparente en rendant compte de l’avancement avec de la communication variée

Montrer l’utilité de l’action en communiquant sur ses effets

Mettre en avant l’attention au confort

Mettre une œuvre une démarche conviviale

Montrer le portage de la hiérarchise

Donner la capacité aux occupants d’agir avec des modes d’emploi et démonstrations

Etre à l’écoute des contraintes et limites des occupants

Développer une culture de l’énergie

Faire appel à l’esprit de compétition à travers Energic ou le concours CUBE.Etat

Recueil d'idée à la Cour de Comptes
Recueil d'idées à la Cour de Comptes

Le suivi de la consommation énergétique du bâtiment, si possible mensuellement, est primordiale pour mesurer l’efficacité de la démarche engagée. Elle permet également de piloter la démarche sur le long terme, en suivant l’évolution sur plusieurs années. L’OSFI (avec l’analyse du talon de consommations notamment) est un très bon outil pour analyser l’impact de ses actions. Cette évaluation quantitative peut être complétée par une évaluation qualitative, notamment avec le questionnaire des écogestes. 

Pour découvrir la méthodologie plus en détails et des témoignages d’agents engagés, rendez-vous au 1er vendredi de l’Energie, webinaire organisé par le Cerema, le 29/03 à 14h, dont la thématique est "Agir avec les occupants" ! 
NB : un 2e webinaire est organisé le 05/04 à 14h, ayant pour thématique "Lier confort au travail et consommation énergétique"


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