Cet article fait partie du dossier : Le Centre de Ressources pour la Réhabilitation du Bâti Ancien (CREBA)
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le centre de ressources Creba promeut une approche "responsable".
Cet article du Cerema a été publié initialement par notre partenaire TechniCités.
Face au défi que constitue la transition écologique, l’intervention sur la réhabilitation du patrimoine existant représente un enjeu majeur. Parmi les logements qui constituent le parc existant, environ 33 % (soit plus de 10 millions) relèvent d’une typologie particulière, dénommée "bâti ancien". Ce bâti, qu’il soit en milieu rural ou urbain, est considéré réglementairement comme étant le bâti d’avant 1948, construit selon des techniques, des savoir-faire et des matériaux traditionnels (pierre, pan de bois, terre crue…).
Le Creba est le centre de ressources pour la réhabilitation responsable du bâti ancien. Il s’adresse aux maîtres d’ouvrage publics ou privés, aux professionnels du bâtiment (maîtres d’oeuvre, architectes, bureaux d’études, artisans, prescripteurs, techniciens, experts, chercheurs…) et, plus globalement, aux acteurs de tout projet de réhabilitation, de rénovation énergétique ou de restauration d’un bâtiment ancien. Ces bâtiments anciens se dissocient fortement des bâtiments modernes, construits massivement à partir des années 1950, par recours à des techniques et à des matériaux industrialisés.
L'Essentiel
Le Creba s’intéresse donc à cette catégorie de patrimoine qui nécessite une approche spécifique et adaptée.
Équipe pluridisciplinaire
En 2016, face aux constats du besoin de structuration des ressources relatives à la réhabilitation du bâti ancien et au besoin d’outils et de diffusion des connaissances sur un champ pluridisciplinaire et de partage de bonnes pratiques, le Creba a bénéficié, lors de son lancement, du soutien du programme ministériel Pacte (Ndlr, programme d’action pour la qualité de la construction et la transition énergétique).
Depuis 2018, il rassemble cinq membres fondateurs, sur lesquels il s’appuie encore aujourd’hui : l’École des arts et métiers, l’École nationale supérieure d’architecture de Toulouse et son laboratoire de recherche en architecture (LRA), et les associations Maisons paysannes de France et Sites et cités remarquables de France, ainsi que le Cerema, qui le pilote.
L’expertise de cette équipe pluridisciplinaire permet, d’une part, de rassembler l’ensemble des connaissances sur ce sujet précis de l’intervention sur le bâti ancien et, d’autre part, de mettre en avant une approche méthodologique sur les grands principes d’une réhabilitation énergétique de ces bâtiments. Aujourd’hui, le Creba est soutenu par le ministère de la Culture et le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Depuis le début, le Creba a souhaité associer à sa démarche des structures aussi impliquées que lui sur la réhabilitation énergétique, et/ou la préservation du patrimoine. Son premier objectif a été de mettre en place des partenariats structurants au niveau national. En deux ans, une dizaine de partenaires clés sur les questions de réhabilitation du bâti ancien ont donc rejoint le centre de ressources afin d’assurer une cohérence dans les actions (l’association Effinergie, le plan Bâtiment durable, l’Agence qualité construction, le média social du bâtiment de la ville durable Construction 21, l’association
Architectes du patrimoine, la Fédération des parcs naturels régionaux de France, Envirobat Occitanie, etc.).
Démarches et outils
L’enjeu final du Creba, aujourd’hui reconnu par l’ensemble des acteurs du patrimoine et de l’énergie comme le site français de référence sur la réhabilitation énergétique du bâti ancien, est de promouvoir une approche "responsable" afin de favoriser la qualité globale des réhabilitations.
Une opération de réhabilitation est considérée comme "responsable" dès lors qu’elle intègre les dimensions patrimoniales, techniques, énergétiques et environnementales.
Une grande partie de notre patrimoine architectural est constituée de bâtiments anciens qui ne sont pas protégés par des dispositifs spécifiques. Le bâti ancien, protégé ou non, constitue un patrimoine à transmettre et une ressource non renouvelable. Sa réhabilitation induit une problématique de préservation et de mise en valeur.
Les bâtiments anciens ont des particularités constructives et un comportement physique très différent des bâtiments modernes. Les parois anciennes ont en général une bonne inertie thermique et sont composées de matériaux perméables à la vapeur d’eau.
Ces caractéristiques nécessitent la mise en œuvre de dispositifs spécifiques et de matériaux compatibles afin de préserver les qualités d’origine du bâti et d’éviter des risques de pathologie.
Par leur niveau de consommation énergétique moyen et par leur représentativité au sein du parc immobilier, les bâtiments anciens doivent contribuer à atteindre les objectifs nationaux de réduction des consommations énergétiques et d’émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment. À travers la promotion de la démarche de la réhabilitation responsable du bâti ancien, l’objectif du Creba est de favoriser l’intégration de tous ces enjeux lors d’une réhabilitation qui intègre bien d’autres critères que la seule performance thermique.
Pendant la pandémie en 2021, le Creba a poursuivi son développement en s’adaptant aux conditions très particulières liées à la crise sanitaire, avec un cycle d’animations en "distanciel" sous la forme de webinaires thématiques.
Cette initiative a reçu un écho très favorable de la part de la communauté de professionnels suivant nos travaux et a permis de constituer un corpus de ressources, qui sont disponibles sur le site internet du Creba, qui a fait peau neuve en 2021.
Chaque année, un colloque national est organisé par le Creba. Après Bordeaux, Strasbourg, et Toulouse, le colloque de 2023 s'est tenu à Rouen et avait pour thème "intervenir sur le bâti ancien à l'heure de la transition énergétique des territoires". En s’appuyant sur les différentes échelles et sur la multiplicité des acteurs mobilisés aux différents niveaux, cet événement a permis de valoriser des projets exemplaires dans leur élaboration et leur réalisation.
Succès du MOOC pour "Concevoir une réhabilitation énergétique responsable du bâti ancien"
Pourquoi réhabiliter un bâtiment ancien quand on peut en construire un neuf ? Parce que la réhabilitation énergétique des bâtiments existants est la solution pour diminuer l’impact environnemental du secteur du bâtiment et la
facture énergétique des ménages. De plus, la réhabilitation énergétique des bâtiments anciens répond à l’enjeu majeur du maintien de la qualité de vie et de l’identité des territoires. Pour préserver le charme des villes et villages, pour donner envie aux ménages d’habiter dans les centres-villes anciens, il faut être en mesure d’adapter ces bâtiments pour les occuper confortablement.
Or, réhabiliter énergétiquement un bâtiment ancien, c’est-à-dire un bâtiment construit avant 1948 avec des techniques et des matériaux traditionnels, nécessite quelques précautions, car ces techniques et ces matériaux sont différents de ceux utilisés dans les bâtiments plus récents.
Énergie, technique et patrimoine sont donc intimement liés. C’est pourquoi le Cerema et le Creba ont développé en partenariat avec l’Ademe et le plan Bâtiment durable une formation en ligne, gratuite et ouverte à tous, dédiée à la réhabilitation énergétique du bâti ancien. Environ 10 000 personnes se sont inscrites aux deux premières sessions, la troisième et dernière a lieu du 11 mars au 22 avril 2024.
Diffuser la connaissance
Le colloque 2022 a permis la création, au niveau local, du club Creba Occitanie et d’engager un partenariat avec le centre de ressources de la construction et de l’aménagement durables en Occitanie (Envirobat Occitanie).
Ce club vient ainsi compléter le club Creba Bordeaux et le club Creba Grand Est. Au niveau local, les clubs ont vocation à porter les enjeux soutenus par le Creba, partager et faire émerger de la connaissance en favorisant les rencontres entre les membres, à faire avancer et à diffuser la connaissance.
Le colloque de 2023 à Rouen a permis de présenter de nombreux retours d'expérience et de mettre le focus sur le développement de filières locales.
. Le centre de ressources réunit également plusieurs outils pour aider à mettre en oeuvre une approche globale de la réhabilitation du bâti ancien, mis à disposition gratuitement en ligne.
Il s’agit notamment :
- des fiches bibliographiques d’études et d’ouvrages, publiées au niveau local, national et international, sur le sujet du bâti ancien.
- des retours d’expérience sur des projets conciliant préservation du patrimoine et réhabilitation énergétique. Ces retours d’expérience qualitatifs détaillent, en une dizaine de pages, les enjeux propres à chaque projet et les solutions mises en œuvre ;
- de la charte de réhabilitation responsable du bâti ancien élaborée par les membres fondateurs qui constitue une démarche méthodologique pour préparer une opération de réhabilitation responsable. Cette charte fait office de minimum requis pour le label expérimental Effinergie patrimoine, dont l’objectif était de démontrer qu’il était possible d’atteindre le niveau Effinergie rénovation pour la réhabilitation énergétique des bâtiments anciens présentant un intérêt patrimonial.
L’année à venir sera consacrée à la poursuite du développement de l’offre de ressources disponible. Parallèlement, un volet important du travail mené depuis trois ans s’inscrit dans une dynamique de projet autour de travaux de recherche notamment sur la problématique de l’humidité, d’accompagnement de type assistance à la maîtrise d’ouvrage pour la réhabilitation énergétique de bâtiments publics, et de la formation par exemple sur les économies d’énergie dans le bâtiment pour les maîtres d’oeuvre ou les artisans, avec des modules sur le bâti ancien.
Le CREBA est de plus en plus sollicité par des territoires au sujet des modes de réhabilitation du bâti ancien, ce qui montre la prise en compte des enjeux spécifiques de ce type de bâti.
L’ensemble des problématiques des partenaires du Creba répond à un enjeu majeur : celui de la massification de la transition écologique. Il ne s’agit pas de rechercher la solution universelle, car chaque opération de bâti ancien a sa propre identité et son histoire, et ne saurait être traitée selon une "solution unique". Il s’agit plutôt de donner les clés à un nombre croissant de professionnels et de maîtres d’ouvrage pour aborder ces opérations en se posant les bonnes questions.
Dans le dossier Le Centre de Ressources pour la Réhabilitation du Bâti Ancien (CREBA)