9 février 2024
Sécurité routière - Copyright Manuel Bouquet - Terra
Manuel Bouquet - TERRA
Le 10 novembre 2023, le Cerema a réuni différents acteurs œuvrant dans les domaines de la sécurité routière et de l’aménagement de la voirie. Une soixantaine de représentants de Maîtres d’ouvrage, Maîtres d’œuvre, gestionnaires de voiries, et d’Autorités Organisatrices de la Mobilité étaient présents pour un webinaire consacré en grande partie aux Engins de Déplacement Personnel Motorisés (EDPM). Ouverte aux acteurs des régions Centre-Val de Loire et Normandie, cette matinée a aussi été l’occasion de retrouver la communauté métier et de faire un point sur l’actualité dans le domaine de la sécurité routière.

CONTEXTE

Les EDPM sont un mode de déplacement en pleine expansion depuis quelques années, avec comme corollaire une présence de plus en plus importante dans l’accidentalité routière. En 2022, 34 tués circulaient en EDPM (10 de plus qu’en 2021). Ce mode de déplacement a généré au moins 600 blessés graves au niveau national (+38% par rapport à l'année 2021).

Ce fort enjeu a justifié l’organisation de ce webinaire, articulé autour d’études d’analyse des déplacements, d’accidentologie, et d’observation des pratiques. Le webinaire a aussi été l’occasion de faire un point sur la réglementation de l’usage des EDPM.

Plus largement, la matinée a également permis de présenter les différentes actualités en matière de sécurité routière (réglementation, doctrine, animation de réseau, etc..).

 

LES RÉCENTES ÉVOLUTIONS EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ROUTIÈRE ET D’ÉQUIPEMENTS DE LA ROUTE

Le Cerema a présenté les actualités en sécurité routière qui sont intervenues depuis fin 2022, notamment via la publication de différents ouvrages. Cela a été l’occasion de revenir notamment sur la parution de deux productions majeures concernant la conception des Voies Réservées : Guide « Voies réservées aux véhicules de Transports en Commun », « fiche VR2+ sur carrefours plans »).

Les présentations ont également porté sur les nouveautés en matière de signalisation routière et de dispositifs de retenue. Le Cerema est en particulier revenu sur la mise à disposition et l’enrichissement du site « équipements de la route », qui propose désormais des foires aux questions par thématique, et qui apporte une vision exhaustive concernant les demandes d’expérimentations qui sont faites par les gestionnaires routiers. Les nouveautés en matière d’équipement de la route ont aussi été détaillées, telles que la pré-signalisation des voies réservées aux transports en commun, l’utilisation de signalisation horizontale dynamique, ou la parution de normes concernant les dispositifs de retenue.

 

LA RÉGLEMENTATION DE L’Usage des EDPM sur la voirie

Une présentation a permis de rappeler les règles imposées aux usagers d’EDPM pour pouvoir circuler sur la voirie. Ces règles concernent à la fois les conditions pour être autorisés à conduire ces engins, les caractéristiques techniques à respecter concernant ces véhicules, ainsi que les règles qui s’imposent en matière de circulation sur la voirie. 

Il a été rappelé en préambule ce que recouvrait le terme d’EDPM, et les différents types d’usages qui s’y rapportent. Cette nouvelle catégorie de véhicules est entrée dans le code de la route au travers du décret n°2019-1082 du 23 octobre 2019. L’article R311-1 du code de la route définit ce qu’est un EDPM, en précisant notamment que c’est un véhicule sans place assise, équipé d'un moteur non thermique vitesse maximale par construction est > à 6 km/h et ≤ 25 km/h. 

Les caractéristiques obligatoires des véhicules EDPM ont également été rappelées, que ce soit en termes de dimension ou d’équipements du véhicule (obligation d’avertisseur sonore, de frein, de catadioptre, etc..).

Un focus spécifique sur les règles de circulation a permis d’indiquer que l’usage de ces véhicules était autorisé à compter de seulement 14 ans, et sous la réserve d’avoir un véhicule assuré. Au-delà des règles qui s’imposent (interdiction d’avoir un passager, de tracter ou d’être tracté, etc..), ce sont aussi les recommandations qui ont été rappelées, comme le nécessaire port du casque.

Enfin, la présentation est revenue sur les différents endroits de l’espace public qui sont réglementairement utilisables par les EDPM, que ce soit en milieu urbain ou interurbain. Il en ressort que les lieux autorisés à la circulation sont aujourd’hui en partie différents de ceux des vélos.

 

Les apports du projet elmos sur la connaissance de la mobilité des usagers d’Edpm et sur leur accidentalité 

Sur le territoire urbain de la métropole de Lyon, la part d’accidents avec un EDP est en augmentation : 7% des accidents en 2022. Il ressort de l’étude quantitative des accidents, une concentration sur Lyon et les communes voisines, une accidentalité particulièrement jeune (18 à 30 ans) et une part nocturne importante. Parmi l’ensemble des accidents avec des EDP, 80 % des blessés sont sur des EDP à moteur, 10 % sur EDP sans moteur et 10 % sont des piétons. Le conflit le plus fréquent est celui entre un EDP et une voiture (60 % des cas). Les accidents d’EDP seul, même s’ils sont largement sous-enregistrés, représentent quand même une victime sur 6. 

L’analyse séquentielle de 115 cas d’accident a conduit à identifier 9 typologies d’accidents. Pour 10 %, il s’agit d’accidents avec piétons, tous lors de la traversée d’un piéton (sauf 1 cas sur trottoir). Pour 10 %, l’EDP s’accidente seul, lors d’une manœuvre qui conduit soit à un choc contre trottoir, soit à une chute. Parmi les 87 cas restants, 62 sont des accidents en intersection (14 cas où le trottinetiste traverse sur un passage piéton, 11 cas où la voiture tourne-à-gauche et heurte le trottinetiste arrivant face à lui et 37 cas où la voiture et le trottinetiste arrivent à la perpendiculaire). Les 25 cas restant se répartissent entre des chocs frontaux, des ouvertures de portière, des accidents sur trottoir en accès riverain et des accidents où EDP et voiture circulent dans le même sens. 

Les pistes d’actions identifiées s’articulent autour de la détectabilité des trottinetistes (surtout de face et de côté), l’amélioration de la sécurité lors des franchissements des intersections avec des cas réguliers d’EDP circulant dans des couloirs bus ou des double-sens cyclables, le respect des règles de circulation par les trottinetistes ou encore la maitrise des EDP lors de manœuvres particulières.

En matière de mobilité, les enquêtes réalisées tendent à montrer que le profil des usagers lyonnais est en adéquation avec ce qu’apprend la littérature : un homme, en urbain, plutôt jeune. Les comportements apparaissent aussi comme très différents selon le type d’EDP, et notamment selon le type de trottinettes (électriques ou mécaniques).
 

Les conflits d'usages entre EDPM et piétons 

La circulation des vélos et des EDPM est autorisée dans les aires piétonnes sous réserve de respecter certaines conditions. Dans le cadre de ses missions de connaissance de la mobilité et de prévention routière, la DDTM76 a souhaité analyser le comportement des usagers cyclistes et utilisateurs d'EDPM dans les zones piétonnes, notamment leurs interactions avec les piétons.

L'étude a consisté, d'une part, à observer le comportement des cyclistes/utilisateurs d'EDPM dans deux zones piétonnes et, d'autre part, à évaluer la connaissance et le respect des règles en zones piétonnes.

En plus de quelques éléments caractéristiques de l’usager tels que le port du casque ou d’un gilet réfléchissant, l’analyse des comportements des cyclistes/utilisateurs d’EDPM s’est focalisée sur les interactions de ces derniers avec les piétons. Il ressort de ces observations que la majorité de trajets de vélo/ EDPM se déroule en interaction avec des piétons (plus de 85%). Celles-ci amènent cependant rarement à un changement de comportement chez les piétons (moins de 15%). Ces observations couplées à des recueils de vitesses mettent également en évidence des vitesses pratiquées supérieures à l’allure du pas.

L’évaluation de la connaissance et du respect des règles en zone piétonnes a été effectuée à partir d’un questionnaire en ligne. Il est ressorti de l’analyse des réponses une connaissance globalement faible des règles avec notamment 39% des répondants qui pensent que les cyclistes doivent mettre pieds à terre. Pour ce qui est du respect des règles, la perception est variable en fonction du type d’usager, en particulier entre les cyclistes et les piétons.